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| Simon Bolivar par Antonio Salas |
Titre
original : El general en su laberinto
Traduction
d'Annie Morvan
(Éditions
Grasset & Fasquelle, 1990)
Publiée
en 1989, ce roman du grand écrivain colombien est un hommage à un
des plus grands héros des Guerres d'Indépendance : Bolivar, El
Libertador. C'est un ouvrage d'une lecture ardue pour qui ne connaît
pas grand chose sur cette période de l'Amérique Latine où, à
l'aube du XIXe siècle, s'éveillent les consciences politiques
héritées des Révolutions. Bolivar, par son action politique, est
un des initiateurs majeurs des revendications anticolonialistes face
aux impérialismes. C'est ce que montre la biographie de Gilette
Saurat, présidente de la Société Bolivarienne de France,
intitulée Simon Bolivar le
Libertador, parue la même année, chez le même éditeur.
Cette biographie qui se lit comme un roman raconte minutieusement,
pas à pas, la geste héroïque d'un personnage hors norme :
Stratège cultivé et génial, soldat intrépide et endurant,
visionnaire politique et idéaliste. On retrouve, dans le roman de
García Márquez, tous ces éléments mais l'auteur choisit de
dresser un portrait poignant du final de l'épopée, quand, Bolivar,
le 8 mai 1830, laisse Bogota pour entreprendre son dernier voyage...
L'auteur
dédie le livre à Álvaro Mutis qui
lui en a donné l'idée et explique le long travail d'archiviste
qu'il a découvert pour l'élaborer.
La
lecture croisée des deux biographies toutes deux très documentées,
l'une historique, l'autre fictive, permet de mieux comprendre le
travail de l'écrivain qui en recréant les manières, les
accents, l'énergie, le parcours d'un Simon Bolivar défait,
affaibli, malade et fou nous ramène à l'humanité du mythe,
lui donne chair et le met à
notre portée.
Dans
l'Incipit du roman, on trouve cette phrase : « Le
général émergea de l'envoûtement et vit, dans la pénombre, les
yeux bleus et diaphanes, la chevelure crépue couleur d'écureuil, la
majesté impavide de son majordome de tous les jours qui tenait à la
main la tasse d'infusion de coquelicots et de gomme arabique. ».
Comment ne pas être tenté de voir García Márquez lui-même dans
cette figure respectueuse qui veille et regarde son personnage ?
