"Le livre des êtres imaginaires" de Jorge Luis Borges


Avec la collaboration de Margarita Guerrero
Titre original : El libro des los seres imaginarios
Traduit par Françoise Rosset, Gonzalo Estrada et Yves Péneau
(René Julliard, 1963 ; Gallimard, 1987)

Dans ce livre, paru une première fois en 1957 sous le titre Manual de zoología fantásticale maître argentin dresse un bestiaire des êtres fabuleux de la mythologie, du folklore et de la littérature. Il puise, souvent avec malice, aux sources les plus anciennes de l'Inde, de l’Égypte, de la Grèce... Il revient sur les textes sacrés des grandes religions du monde. Il nous plonge dans la science imaginative de l'Antiquité, du Moyen-Âge ou de l'époque moderne, cite les témoignages d'Hérodote ou de Marco Polo, reprend les travaux de Walter Scott...Ou, encore, nous livre quelques pages choisies de Kafka, de Poe, de C.S. Lewis...

Borges souligne les métamorphoses de nombre de ces personnages fantastiques au fil du temps et des civilisations, compare les dragons d'Occident et ceux d'Orient, s'amuse à suivre l'évolution des théories qui attestent de l'existence de tel ou tel animal fabuleux, s'arrête sur l'insolite d'une créature... Un livre merveilleux qui est une véritable anthologie de l'imagination.

Le singe de l'encre

Cet animal abonde dans les régions du nord, il a quatre ou cinq pouces de long ; il est doué d'un instinct curieux ; ses yeux sont comme des cornalines, et son poil est noir de jais, soyeux et flexible, suave comme un oreiller. Il est très amateur d'encre de Chine, et quand quelqu'un écrit, il s'assied, une main sur l'autre et les jambes croisées, en attendant qu'il finisse puis il boit le reste de l'encre. Après il revient s'asseoir à croupetons, et il reste tranquille.

Wang A-Hai (1791)

Singes et chevaux, Xe siècle