"Les Exilés" d'Horacio Quiroga


Titre original : Los desterrados
Traduction de François Gaudry
(Éditions Métailié, 1995)

Forêt tropicale. Camille Pissaro. 1856.

Daté de 1926, ce recueil du grand conteur que fut Horacio Quiroga (1878-1937) nous plonge, dès le premiers récit, Le retour de l'Anaconda, dans les mystères, les cruautés et la beauté de la vie sauvage dans la forêt tropicale.
Poète autant que conteur, Quiroga décrit minutieusement, comme un naturaliste, les phénomènes et les paysages de cette région de Misiones à laquelle il rend hommage. Il collecte des informations sur les hommes et sur les choses et les transpose dans des histoires humaines et horribles. Si Quiroga participe de manière magistrale, avec ce recueil, à l'essor des récits sombres, il est aussi à compter parmi les premiers auteurs du continent à célébrer sa nature.

"Misiones, comme toute région frontalière, est riche en individus pittoresques. Il en est d'extraordianires auxquels, telles des boules de billard, la naissance a imprimé un effet. Ils touchent normalement la bande et empruntent des trajectoires inattendues. Ainsi Juan Brown qui, venu pour visiter les ruines, resta vingt-cinq années sur place ; ou le docteur Else, que la distillation d'oranges conduisit à confondre sa fille avec un rat ; ou encore le chimiste Rivet, qui s'éteignit comme une lampe noyée d'alcool : et tant d'autres qui eurent un comportement des plus imprévus."