Titre
original : Los Rembrandts
Traduit
par Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury
(Éditions
Autrement, 2000)
Peu
connu en France, Eduardo Mallea (1903-1982) fut une personnalité
importante de la vie littéraire argentine. Écrivain et essayiste,
son œuvre abondante se caractérise par une exploration de
l'identité argentine et des personnages marqués par la solitude.
Dans
ce recueil on trouve deux nouvelles : Les
Rembrandt et La
rose de Cernobbio.
La
rose de Cernobbio est un récit
qui évoque le conte ou la nouvelle fantastique et raconte le destin
d'un personnage dont l'existence est marquée par l'enfermement.
Les
Rembrandt est une longue
nouvelle qui mêle une écriture très poétique et des allures de
chronique qui s'inspire de sa propre expérience comme journaliste
sportif aux Jeux Olympiques d'Amsterdam, en 1928. Une nouvelle où le
personnage principal déclare, enthousiaste, qu'il ira voir les
Rembrandt... et qui repart sans les avoir vus. Il porte cependant,
tout au long de la nouvelle, un regard de peintre sur la ville et ses
habitants.
"L'hôtel avec ses salons immenses et sa salle à manger baignée par la douce luminosité des eaux, avait des allures de palais. Je me réfugiai dans ma chambre et, sans même ôter mon manteau, j'ouvris les fenêtres en grand. Je regardais tout avec avidité. Un vent frisquet purifiait l'atmosphère, rendait les formes plus légères, me permettant ainsi de contempler le fleuve jusqu'au détour du premier méandre. Je vis pour la première fois les bateliers- visages et teint à la Vermeer -qui faisaient glisser leur embarcation à l'aide d'une perche : tout l'effort de ces spécialistes reposait sur leur poitrine ; ils exerçaient une longue poussée sur la gaffe dont la pointe se fichait dans le fond du lit du fleuve."
![]() |
| Deux femmes. Rembrandt. 1640-1641 |
_-_Two_women_c._1640-1641.jpg)