"La fuite" de Myriam Montoya

 

Titre original : La huída

Traduction de Stéphane Chaumet


(La Dragonne, 2011)


Originaire de Colombie, Myriam Montoya a réalisé ses premiers pas en littérature comme poétesse. Installée à Paris depuis 1994, son travail fut remarqué par Claude Couffon qui traduisit ses premiers ouvrages. Son premier recueil de poèmes Fugues/ Fugas est paru aux éditions L'Harmattan en 1997.


La fuite est son premier roman. Un roman qui nous plonge dans l'histoire de toute une famille populaire haute en couleur, en Colombie, dans les années quatre-vingts : parents, enfants mais, aussi, grand-mère, oncles, tantes, cousins... Une histoire où se côtoient la drôlerie et le tragique, la sensualité et la violence comme dans la vie même.

"De temps en temps Bernardo, en sortant du travail, allait boire des bières avec mes deux oncles José et Gustavo, ou avec d'autres employés. Après les rires, les blagues et les conversations qu'ont les mâles au comptoir, il lui venait à l'esprit, comme une épine, l'horrible idée que Consuelo pouvait être avec un homme à la maison. Il se sentait aux abois et pour lui, ça ne faisait plus aucun doute, Consuelo était en train de le tromper, il l'imaginait se trémoussant dans les bras d'un autre, dans le lit conjugal! Il se prenait alors la tête à deux mains et s'étouffait dans une crise de larmes, la peur le paralysait et là, vautré à la table d'un bar, il pressentait que tout était fini pour lui. Bernardo aurait été capable de rester sur place jusqu'à la fin de ses jours à pleurer la trahison de sa femme! Mais à ce moment-là ses compagnons de beuverie lui trouvaient toujours un taxi pour le déposer devant sa porte. Quand il débarquait complètement ivre et se trouvait devant Consuelo, il se jetait sur elle, la frappait au ventre, au visage."


Torse de femme (La Grosse) de Fernando Botero (Medellin)