Titre original : The buried mirror : reflections on Spain and the New World
Traduit de l'anglais par Jean-Claude Masson
(Gallimard, 1992)
Le Mexicain Carlos Fuentes (1928-2012) qui a obtenu, en 1987, le prix Cervantès est une figure incontournable de la littérature hispano-américaine. Romans, nouvelles, essais... Fuentes nous a légué une œuvre vaste et profonde qui invite à une réflexion sur l'histoire, le pouvoir et l'identité mexicaine.
Dans cet essai, publié à l'occasion du cinquième centenaire de la Découverte, il nous donne une magistrale et aimable leçon d'histoire, complétée d'une bibliographie commentée, qui nous mène des origines de la péninsule ibérique au monde contemporain. On y rencontre les grands personnalités de la culture hispanique et américaine : Alfonse X de Castille dit le Sage, Colomb, Cortés, Pizarro, Moctezuma, Cervantès, Goya... présentés dans le contexte des débats d'idées et des mouvements culturels de leur temps. On en vient, au fil des pages, à voir comment se joue dans cet espace nouveau, issu de la rencontre de deux mondes, les questions universelles des tensions entre l'impérialisme et ses périphéries, entre le centralisme et le régionalisme ou, encore, entre le despotisme et la liberté. Les interrogations sur l'utopie, la religion, le pouvoir... nous permettent de penser notre temps.
Mais, surtout, cet essai historique, tente de chercher la « continuité culturelle qui puisse éclairer et transcender la désunion économique et politique, la fragmentation du monde hispanique ». Fuentes explique : « Comme je cherchais un guide pour m'aventurer dans la nuit morcelée de l'âme du monde hispanique, je l'ai trouvé près du site des anciennes ruines totonaques d'El Tajín, dans l’État de Veracruz dont ma famille est originaire. C'est par le port de Veracruz que le changement s'est introduit sur le Nouveau Continent, mais cette région est aussi le foyer permanent de l'identité mexicaine. La ville de Veracruz recèle de nombreux mystères. […] Les plus anciennes cultures indigènes - les Olmèques, au sud de la ville portuaire, un civilisation datant de 3500 ans, et les Totonaques, au nord, présents depuis 1500 ans - y ont également leurs racines.
Dans des tombes qui entourent les sites religieux de ces peuples, on a trouvé des miroirs, enterrés, semble-t-il, pour guider le mort à travers les enfers. Concaves, opaques, polis, ils contiennent l'étincelle de lumière au milieu des ténèbres. »
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| Statuette totonaque (600-1200 + JC). Musée d'Auch. |
