"Le voyageur byzantin" de Miguel Littín

 Titre original :  El viajero de las cuatro estaciones

Traduction de Bertille Hausberg

(Métailié, 2003)


Parti en 1914 pour ne pas être enrôlé dans l'armée turque, Kristos le Grec parviendra, après bien des péripéties, au Chili. Son histoire se confondra désormais avec celle de la ville de Palmilla. On retrouve dans ce roman le charme qui opère dans Cent ans de solitude de García Márquez où le récit mêle histoire familiale et histoire du village de Macondo. Mais c'est surtout le récit d'un exil irrémédiable qui se décline en quatre stations : le monastère où la mère de Kristos laissa son fils, le voyage vers l'Amérique, la vie à Palmilla et les derniers instants.

Miguel Littín, de son nom complet Miguel Ernesto Littín Cucumides, né à Palmilla en 1942, issu des migrations arabes et grecques, évoque dans ce beau roman la figure mystérieuse et merveilleuse de son grand-père grec, Kristos Kukumidès.

Dans la rue Miguel Ernesto, comme les autres enfants de parents arabes, était appelé un “turc”. Ils vivaient donc dans la contradiction, ne sachant que faire ni qui ils étaient réellement car dans leur famille où on parlait arabe ils étaient les “Chiliens” et dans la rue des “Turcs”. A l'internat leurs camarades de classe les harcelaient pendant la récréation, leur criant :

-Turcs, Turcs, Turcs sans patrie! et ils les encerclaient, les bousculant, leur donnant des coups de pied, crachant par terre, leur tirant les cheveux, les oreilles ou les frappant carrément. Avec le temps, cette situation l'avait obligé à rendre coup pour coup, se couvrant de cicatrices et de petites blessures qui ne s'effaceraient jamais.”

 

Jésus sur le mont Golgotha de Théophane le Crétois