Titre original : El chulla Romero y Flores
Traduction de Claude Couffon
(Albin Michel, 1993)
l’Équatorien Jorge Icaza (1906-1978) est un des grands représentants de l'Indigénisme, un mouvement artistique et politique qui s'attacha à montrer et à défendre des Indiens. Nouvelliste, romancier, c'est aussi un passionné de théâtre qui a écrit et joué des pièces. Et, dans ce roman, les dialogues, la construction des personnages, l'utilisation de l'espace révèlent cette expérience du théâtre.
Publié en 1958, L'homme de Quito est un roman important parce qu'il met en scène la question de la hiérarchie raciale dans la société hispano-américaine. Tournant le dos à ses racines indiennes et pauvres, le métis Romero y Florès est bien décidé à devenir quelqu'un mais c'est une dégringolade sociale radicale qui attend le jeune ambitieux et il prendra cruellement conscience de sa condition.
"La confiance que retrouva Luis Alfonso en se mêlant à la "meilleure société" de la ville - fumée de tabac étranger, éclairage directs ou tamisés, interminables révérences, galerie de gentilshommes vernissés par quelque escroquerie secrète, dames dans des fourreaux de soie et de bijoux, rondes soutanes aux lisérés violets, traîneurs de sabre de gravures de mode - s'évapora lorsque doña Francisca, aimable et empressé auprès de ses hôtes, après lui avoir dit qu'il pouvait se considérer comme son invité, l'abandonna à son sort dans un coin. Immédiatement, comme si tous, par un jeu étrange, s'étaient mis d'accord, on tourna sans manière le dos à l'intrus."
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| Peinture de castes, vers 1780 |
