Titre original : « Luz de las crueles provincias »
Traduction d'André Gabastou
(Le Serpent à Plumes, 1999)
Au début, il y a Rossana et Giovanni qui ont fui la pauvreté en Italie et ont émigré à Buenos Aires. Giovanni finira par trouver du travail mais dans une lointaine province du nord-ouest du pays... Le récit se déploie avec des jeux d'ellipses, d'anticipations et de souvenirs qui disent poétiquement l'exil, l'oubli, le temps, la vacuité. Dans ces « cruelles provinces », l'existence ne va pas au-delà de la vie même, c'est tout à la fois une semence et un écoulement. C'est sans doute cela qu'évoque le titre original Luz de la crueles provincias : « luz » comme dans « dar a luz », donner le jour. C'est un très beau livre que nous offre ici Héctor Tizón (1929-2012).
« Le cœur de ma grand-mère, avait-elle dit, était déjà sec quand j'ai fait sa connaissance. Elle avait juste quelques mots, des mots qui étaient comme des archétypes de choses, croquants ou craquants, titubants, comme des enseignements isolés, des leçons pour survivre ou pour ne pas mourir. Candelaria n'en hérita pas et ici il n'y pas d'invention. Rien ne surgit du néant. »
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| Saudades de Naples. Bertha Worms. 1895 |
