"Diamants et silex" de José María Arguedas

 

Joueur de harpe indienne (Pérou)

Titre original : Diamantes y Pedernales

Traduction d'Ève-Marie Fell

(Editions de Lherne, 2012)


José Maria Arguedas (1911-1969) est un écrivain majeur de la littérature péruvienne. On lui doit trois romans qui sont des classiques de cette littérature :Yawar Fiesta (Yawar Fiesta : La fête du sang), Los ríos profundos (Les Fleuves profonds) et Todas las sangres (Tous sangs mêlés).

Sa personnalité et son œuvre sont au croisement des deux mondes péruviens : le monde indien dominé, le monde hispanophone dominant. Ethnologue de formation, il a œuvré à préserver et promouvoir la culture métissée de son pays, notamment la musique et les danses andines. Ce court roman qui date de 1954 condense ces composantes de l’œuvre d'Arguedas autour de deux personnages : Mariano, pauvre harpiste indien et Don Aparicio, grand seigneur descendant des Espagnols. Le premier est un être d'une simplicité angélique, le second un arrogant à la violence sans frein. Le récit plein de poésie s'articule autour de ces deux figures et nous le lisons comme on écoute un conte cruel et beau.


« Don Mariano refusait toujours de jouer hors de la maison du seigneur de Lambra, pas même à l'église.

-Non, petit père, gémissait-il quand on tentait de l'emmener jouer dans une fête d'Indiens ou de métis.

-Le premier qui force don Mariano à jouer ailleurs que chez moi, je le tue à coup de pied, avait déclaré haut et clair don Aparicio, un peu partout. Je le tue à coup de pied ! Ici, il y a plus de vingt harpistes ; nul n'a besoin de don Mariano.

Il était étrange qu'un jeune homme aussi altier, aussi puissant, traite le simple de « don ». Cette courtoisie était peut-être plus efficace pour protéger le harpiste que les menaces qu'il avait proférées. »