"Esquisses musicales" de César Aira

Garçon à la source d'Albin Egger-Lienz (1923)



Titre original : Pinceladas musicales

Traduction de Christilla Vasserot

(Christian Bourgeois, 2021)


L'Argentin César Aira, né en 1949, est un des grands noms de la littérature latino-américaine contemporaine. C'est un écrivain prolifique qui publie des romans courts qui se caractérisent par une recherche sur le processus d'écriture et de création. Un questionnement qui est au cœur de ce roman-ci dont le héros est un peintre qui ne peint pas, un personnage oisif qui peut s'adonner à la rêverie, à la contemplation et à l'imagination. Est-ce en cela que réside l'activité artistique ? Rencontres insolites, visions, récits dans le récit, réflexions oiseuses ou profondes... ce roman est plein de références amusantes et irrévérencieuses à l'histoire de l'art et de la littérature.

« Le combat sans conséquences de la nuit passée avait été une action menée à moitié, comme tant d'autres. Ils démontaient le paysage, comme les cubistes, et ne le remontaient pas. D'autres occupations les entraînaient loin d'ici, d'un pas pressé, pour se donner de l'importance. Mais il n'y a avait rien d'étrange : l'interruption et l'inaboutissement étaient la loi du temps. Une œuvre inaboutie n'était pas une erreur esthétique, contrairement à ce que pensaient les gens dépourvus de sens artistique, probablement en raison de cette pulsion bourgeoise soucieuse d'obtenir satisfaction pour ce que l'on avait payé. Certes, si l'on achetait une chaise à laquelle il manquait un pied, on était en droit de se plaindre. Mais dans la Nature, c'était l'inverse. Et l’œuvre d'art inachevée serait toujours meilleure que celle qui a été achevée. »