« Le deuil humain » de José Revueltas

Cristeros, 1928

 

Titre original : El luto humano

Traduction de Janine Castan et Philippe Chéron

(Editions Gallimard, 1987)


José Revueltas (1914-1976) dont l'œuvre est à compter parmi les plus poétiques de la littérature mexicaine était chrétien de tradition. Il devint athée et marxiste. Ce parcours est reflété dans ce roman qui revient sur la guerre cristera, une insurrection populaire et religieuse qui a tenu en échec de 1926 à 1929 le gouvernement laïque de la Révolution de 1910. Un épisode cruel de l'histoire mexicaine que reflète ce roman qui a des accents apocalyptiques.

Par une nuit de tempête, une petite fille meurt. La veillée funèbre qui se déroule alors que les éléments se déchaînent et que le fleuve déborde se transformera en chemin de croix pour les personnages venus y assister. Un roman où défilent les grandes mythologies chrétiennes ou précolombiennes et qui interroge cruellement la condition humaine.


"La mort était là, blanche, sur la chaise, elle avait un visage. L'air, alourdi des timbales de la fièvre, de l'odeur des piqûres profondes, de l'alcool brûlé et de l'arsenic, s'étirait comme la flamme d'une bougie, au rythme heurté de cette ultime respiration - si tendre, si chérie – qu'on entendait. Qu'on entendait : d'un mur à l'autre, d'un coin à l'autre, de la moustiquaire aux draps, de la lanterne opaque aux vitres ternes, comme un pendule. La mort était là, sur la chaise."