"La maladie" de Alberto Barrera Tyszka

Le Malade imaginaire de Honoré Daumier

 

Titre original : La enfermedad

Traduction de Vincent Raynaud

(Éditions Gallimard, 2010)


Le Vénézuélien Alberto Barrera Tyszka est scénariste, romancier et poète. On lui doit aussi une biographie de Hugo Chavez.

Il a obtenu avec ce roman le prestigieux prix Anagrama. Un roman qui aborde sans tabou le sujet délicat de la mort et de la maladie : Andrés Miranda, médecin dans un hôpital de Caracas, apprend que son père est atteint d'un cancer et ne sait pas comment lui annoncer la nouvelle. Un récit juste de la douleur et du deuil qui alterne avec une autre histoire, celle d'un patient du docteur Miranda qui se prétend très malade et le harcèle pour qu'il s'occupe de lui.


-Viens, je vais t'aider à t'habiller.

-Je suis sérieux, je ne veux pas y aller.

-Tu dois y aller. » Andrés s'agenouille devant lui. Ils se regardent les yeux dans les yeux.

« Ça fait mal » dit le père Miranda. Presque en murmurant. Dans un souffle. « Tout me fait mal, mon fils. Ça fait un foutu mal. »

À présent, assis dans le couloir, il n'entend plus les termes cliniques, plus de « néoplasie ischémie empyème pleural ». Ça fait un foutu mal. Rien d'autre.

« La douleur physique est le grand régulateur de nos passions et de nos ambitions, a écrit Julio Ramon Ribeyro dans son journal. Sa présence neutralise immédiatement tout désir qui ne soit la disparition de la douleur. Cette vie que nous récusons parce qu'elle nous semble plate, injuste, médiocre ou absurde acquiert aussitôt une valeur considérable : nous l'acceptons en bloc, avec tous ses défauts, pour peu qu'elle nous soit donnée sans cette forme extrême d'infamie qu'est la douleur »