"Les nuits de Flores" de César Aira

 Titre original : Las noches de Flores

Traduction de Michel Lafon

(Christian Bourgeois éditeur, 2005)


César Aira, né en 1949, est Argentin. C'est un écrivain prolifique dont l’œuvre a été souvent primée et traduite. Il a publié plus de cent livres, essentiellement de brefs romans qu'il définit lui-même comme des « contes de fées dadaistes » ou des « jouets littéraires pour adultes ». Dans un entretien, César Aira explique que sa spécialité est « le dessin laborieux d'une scène, et le jour suivant un autre, comme les collages de Max Ernst ou les boîtes de Joseph Cornell ». Il écrit aussi des nouvelles, des essais et des œuvres de théâtre.

Les nuits de Flores relève de ce jeu littéraire. Dans le premier chapitre, personnages et situations sont exposées. Ici, il s'agit d'un couple de retraités, Aldo et Rosita, qui, sur fonds de crise économique, travaillent comme livreurs de pizza dans le quartier de Flores, à Buenos Aires. Tandis que leurs jeunes collègues sont motorisés, eux travaillent à pied. D'autres détails nous sont donnés sur les jeunes livreurs et nous apprenons qu'un jeune appelé Jonathan a été enlevé et assassiné. Dans les chapitres suivants, tous ces éléments, le couple, le quartier, la crise économique, les jeunes motards, l'enlèvement, etc sont repris, amplifiés et transformés comme si l'histoire se déroulait par variations. Par exemple, dans le troisième chapitre apparaît un personnage fantastique moitié chauve-souris, moitié oiseau qui devient quelques chapitres plus loin un symbole de la mélancolie puis un nain qui espionne pour la police. Ces transformations influent sur le style même du roman où se mêlent le réalisme, le fantastique et le genre noir.

Dans le texte même, on trouve quelques pistes de lecture « C'était comme faire un puzzle dont certaines pièces étaient vraies et d'autres non, mais toutes coïncidaient merveilleusement par le bord de leur hétérogénéité » et, aussi « En général, dans la vie contemporaine, il ne se passe rien. S'il y a une nouvelle, elle est donnée par la télévision, elle est très vite assimilée et n'est plus une nouvelle. Il n'existe presque pas de possibilité d'être surpris parce que la surprise a rétrogradé dans le passé immédiat, et il ne reste plus que la répétition. Ça, par contre, ça continuait à vibrer, sans explication, sans répétition »