« Guide triste de Paris » d'Alfredo Bryce-Echenique

"Un café de París" d'Ilya Repin, 1875

Titre original : Guía triste de París

Traduit par Jean-Marie Saint-Lu

(Editions Métailié, 2003)


Alfredo Bryce-Echenique est né en 1939 dans le milieu oligarchique de Lima. En 1964, il s'installe en Europe, en France où il enseigne la littérature, en Italie, en Grèce et en Allemagne. Il l'un des écrivains les plus célèbres du Pérou. Dans ce recueil de nouvelles qui ont des allures de chroniques, il offre une galerie de portraits de latino-américains à Paris dans les années 1970. Des histoires de déconvenues dans un Paris qui n'existe plus, celui des concierges, des cafés et de la bohème estudiantine et artistique.


« Alfredo était péruvien et peintre, et quand à Mario on n'a jamais su très bien ce qu'il était, à part salvadorien, adorable et grand amateur de bonne chère, entre autres aspects de la bonne vie. Il avait écrit un ou deux livres, c'est vrai, et avait aussi été diplomate en poste en Argentine – c'est à Buenos Aires qu'il avait chopé ce terrible accent « che » qui ne devait plus le quitter -, mais je crois que s'il est un mot qui qualifie pleinement la profession de Mario, c'est le mot italien de « dilettante », c'est à dire celui qui prend du plaisir.

Mario et Alfredo n'avaient pas un sou, à l'époque où je les connus, mais il fallait voir comme ils étaient bien installés à Paris, avec ou sans faim. Mario louait un petit mais très élégant appartement situé rue Charles-V, merveilleusement et même historiquement meublé par une propriétaire âgée et amnésique, qui, chaque fois qu'elle venait encaisser le loyer découvrait, avec effroi et une totale confiance dans ce que lui disait « monsieur » Mario, que celui-ci l'avait déjà payé la veille. »