« La ville et les chiens » de Mario Vargas Llosa

Instructeur de l'école des aspirants-officiers-John Kennicutt - 2009

 

Titre original : La ciudad y los perros”

Traduction de Bernard Lesfargues

(Éditions Gallimard, 1996)


Il n'est pas besoin de présenter Mario Vargas Llosa, né à Arequipa, Pérou, en 1936, prix Nobel de Littérature. C'est une figure majeure de la littérature actuelle. Avec Gabriel García Márquez, Julio Cortázar et Carlos Fuentes, il fut un des principaux représentants du boom latino-américain.

La ville et les chiens a été publié en 1963. C'est son premier roman. Avec La ville et les chiens , La maison verte et Conversation dans La Cathédrale, Mario Vargas Llosa s'est fait connaître dans les années 1960.

C'est un roman qui trouve son origine dans une expérience personnelle de Mario Vargas Llosa, quand son père l'envoya étudier au Collège Militaire Leoncio Prado entre 1950 y 1951. Il raconte la vie d'un groupe d'adolescents internés dans ce collège. Mais, comme le précise Mario Vargas Llosa, « La plupart des personnages de mon roman La ville et les chiens, écrit à partir de souvenirs de mes années à Leoncio Prado, sont des versions très libres et déformés de modèles réels et d'autres entièrement inventés ».

Le roman suscita la polémique parce qu'il dénonçait la sévérité de la discipline militaire, les relations de domination, la vie aliénante des cadets soumis à des valeurs d'agressivité, de courage et de virilité. C'est un roman de formation qui montre comment évoluent divers personnages dans ce cadre. Les personnages du roman proviennent de différents milieux sociaux et reflètent un microcosme – Lima et le Pérou des années 1950 – une société divisée par des critères raciaux, régionaux et socio-économiques.

Avec une profusion de personnages, le roman offre un portrait de groupe et dépeint une société. Le roman se divise en deux longs chapitres et un épilogue. Dans chaque partie, le récit s'articule en paragraphes qui alternent l'histoire de divers personnages avant ou après être entré au collège, à l'intérieur ou à l’extérieur du collège, démultipliant le temps et l'espace de la narration. On trouve dans ce roman une multitude de voix qui se croisent et qui mélangent discours intérieurs et dialogues. La narration s'élabore comme un puzzle : ce n'est que peu à peu qu'on identifie les personnages et leur rôle dans l'histoire.

Le fil central et linéaire du récit commence in media res : le vol des questions de l'examen du chimie, un événement qui va entraîner un drame. A partir de cet événement, de paragraphe en paragraphe, nous découvrons la personnalité et la vie des cadets de l'école militaire à travers des épisodes et des situations diverses qui sont comme tressés autour de ce fil central. C'est une construction complexe alors très novatrice qui joue avec les temps de la narration et la polyphonie narrative.